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Parle Moi

« Il n’y a pas les méchants d’un côté et les victimes de l’autre, nous sommes nos propres bourreaux, tous coupables, tous damnés, si nous persistons par notre attitude, à collaborer au mal général. » Juan Radrigan

Cette pièce écrite par Juan Radrigan, adaptée par Ricardo Montserrat raconte l’histoire d’Isabel. Une femme seule, dans une solitude et un dénuement tels qu’elle se met à dialoguer avec un bidon….

Présentation par Ricardo Montserrat

» (…) Il y a une Isabel exilée dans l’Isabel de Radrigan, « l’ Ana Maria ». Entêtée comme une chèvre chilienne, à vouloir exister dans un monde où les histoires d’homme, les violences d’homme, avaient pris toute la place, dans un pays où les hommes n’avaient que des expressions d’homme à la bouche ! puta, huevon, la hueva, boludo, maricon! j’en passe et des pires, où les militaires estimaient l’avoir emporté parce qu’ils étaient plus machos et le prouvaient par l’humiliation, la torture, le viol des femmes et la disparition des enfants.

En vraie chilienne, Isabel pleure plus souvent qu’elle ne parle, rit aux larmes, crie aux larmes, confondant larmes de chagrin et larmes de bonheur dans un même flot.

Isabel tiene una pena que no puede nombrar. Elle a une peine qu’elle ne peut nommer. Chaque larme est l’écrin d’une histoire qui tue. Quand Isabel a suffisament pleuré, quand les larmes sèchent au soleil, les histoires sortent à leur tour, se bousculent comme des sanglots à la porte des lèvres, avec un léger accent qui a goût d’aji et de cilantro, la peau s’obscurcit jusqu’à devenir aussi sombre que la lave des volcans, les yeux noircissent comme les vagues du Pacifique, et l’Indienne renaît, fille de la déesse-mère qui crache à la figure du Conquérant, des images, des fables, des contes, jusqu’à refaire un monde plus doux, plus sensuel, plus gourmand, moins homme, plus humain. »

Ricardo Montserrat

Mise en scène et interprétation: Ana Maria Venegas Uteau
Adaptation: Ricardo Montserrat
Scénographie: Sidonie Marty